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Buenos Aires, Pasco 2454, (je crois)…
J'ai perdu le fil du temps, je sais plus quel jour on est, un mardi je crois vers le 20 février…
Madalena s'est trouvé un hôtel au mois assez chérot, 450 dollars, meublé mais avec les chiottes et douches séparées, possibilité de cuisiner dans une cuisine commune. Ca a l'air très courant cette formule par ici, c'est tellement difficile de louer un appart', il faut trouver un ''fiador'', une personne qui se porte garant pour vous, et il doit prouver qu'il est réellement assez riche pour l'être, tout un bintz hors de portée de la plupart des étrangers ou des provinciaux qui vivent ici. C'est complètement précaire, tu peux te faire virer sans préavis si la ''gérante'', en fait la concierge, d'ailleurs particulièrement hargneuse ici, t'a dans le collimateur…Elle a du se barrer d'ou elle était, sa coloc, Claudia, a brusquement décidé qu'elle avait plus besoin d'elle pour l'aider à payer son loyer. Elle a commencé à lui faire un sketch sur la soi disant saleté de l'appart et surtout de la salle de bain à son retour de Salvador, (elle est Brésilienne), appart' pourtant impec, je le sais, j'avais passé par exemple toute une matinée à récurer la salle de bain de fond en comble juste avant son retour. En fait elle a besoin de l'appart car elle est sur le point d'arriver (croit-elle) à se faire épouser par un Argentin plein de sous, alors qu'en fait elle prétend être amoureuse d'un autre, le fils à la nounou de Marina. La vraie pute quoi !
En plus Madalena a du quitter la célébrissime ''Pizza
Piola'', le resto le plus branché de Buenos Aires (et
le mieux payé), son dirlo français et pédé ayant
une aversion marquée pour l'hétérosexualité affichée
(et comme) par la Madalena enceinte puis maman. Elle a un nouveau boulot
depuis 3-4 mois mais ça s'est mis à très mal marcher
en janvier, plus de clients donc plus de sous, il n'y a aucun fixe
ici, ajoutons une bonne petite maladie pour Marina et on obtient un joli
cocktail désastreux bien déprimant.
Bon, ça a l'air d'aller un peu mieux
pour les sous et carrement mieux pour Marina. Quel bébé du
feu de Dieu, la séduction absolue ! Je la garde le soir, elle
a un rituel d'endormissement etrange qui me fait tordre de rire mais
en silence car si elle s'aperçoit qu'elle t'interresse
y'a plus aucune chance pour qu'elle roupille ! Elle saute,
se relève, ressaute se trémousse, se démène dans
son lit cage et dans le noir presque complet, sans (trop) se cogner, en rigolant
et se ''parlant'' toute seule, un phénomène.
Au moins quand elle s'endort, vannée, c'est pour de bon,
plus rien ne la réveille. La journée si tu la surveille pas
elle se tire à fond les ballons sur le palier pour aller escalader
les escaliers qui montent sur la terrasse, en haletant comme un clébard
asthmatique, ce qu'elle devient après chaque attaque virale,
mais pissant de rire, speedant comme une deratée pour pas se faire
attraper.
Madalena doit se taper toute la corvée des formalités
pour préparer son voyage en France et c'est jamais simple.
Aujourd'hui nous sommes allés au consulat de
France ''enregistrer'' Marina, premier pas de la
procédure en vue de lui faire établir une carte d'identité.
Nous avons découvert que sur mon livret de famille ce même consulat
a transcrit de qui Marina est née, (moi, Madalena), quand et ou elle
est née, mais pas qui elle est, ils ont oublié de l'inscrire
les cons ! Ma fille a un père, une mère, une date et un
lieux de naissance mais elle existe pas ! Kafka peut se rhabiller !
En plus nous sommes tombés sur une Pasquaïenne
zélée qui ''préfère'' ne
pas établir de C.I. pour ''quelqu'un'' (Marina,
un an) qui pourrait répudier, j'invente rien, sa nationalité françaouaise à sa
majorité ! Je te me l'ai remise au pas cette merde !
Quelle immonde conne ! Elle m'a dit : ''Je préfère
ne les faire (les C.I.) que pour une raison importante'', je
jure que j'affabule pas, hallucinant, non ? Je lui ai rétorqué : ''La
raison c'est que Moi, son père, je veux qu'elle en ait
une carte d'identité''.
Du coup j'y retourne demain pour
en principe la faire.
>Ces gens sont hideux, à les voir on comprend comment
Vichy ou les déportations on si facilement pu exister, collabos dans
l'âme.