Samedi 7.
Ce matin j'ai eu la joie de découvrir le fameux vent de sable. J'ai senti dès le réveil que quelque chose avait changé, la direction et la force du vent étaient différentes, plus fort et plus à l'Est, déjà très poussiéreux.
Mais quand ça se lève pour de bon, alors la c'est quelque chose ! La force pour commencer, un bon 75 Km/h rafaleux, plein Est, paradoxalement assez frais, chargé de sable ultra fin et de poussière, le soleil disparaît complètement, l'ombre est intense, la perte de visibilité est totale, pire qu'un brouillard intense, les bagnoles doivent circuler phares allumés ! L'air est ultra sec et on respire des tonnes de sable, on en mange des kilos, ça crisse sous les dents, colle à la langue…C'est plus des crottes qui sortent des nez mais des graviers !
L'expression ''portugaises ensablées'' prend ici tout son sens ! Le plus surprenant c'est qu'il ne fait pas chaud, on aperçoit à peine le soleil, un disque rouge orangé flou, mais il ne chauffe pas…
Evidemment, pas question de voler dans ces conditions mais c'est dommage, vu de dessus ça doit être époustouflant et c'est possible, la tempête ne monte probablement pas au-dessus de 2000 mètres.
Les coopérants militaires français m'ont proposé d'habiter à la popote, ainsi nomment-ils leur quartier d'hébergement, ils me feraient un prix spécial à 2000 Ouguiya, 60F français, avec petit dèj inclus. Le problème c'est que ça m'oblige à être entouré de militaires et français en permanence…
Je sens que je vais me passer de petit dej et rester dans mon petit hôtel.
Les Mauritaniens sont décidement adorables, surtout les Noirs, bien moins coincés par la religion que les Maures. Un simple exemple : les uns mangent du poisson, alors que les autres considèrent ça comme impur et ils ne mangent que du mouton, dans un pays bordé par le plus poissonneux océan du monde ! J'ai bouffé, comme ils disent ici, chez Diakité, le chef mécanicien, un Soninké, une ethnie du sud, en fait chez un cousin car chez lui c'est à 800 bornes d'ici, un excellent riz au poisson, un vrai régal, un peu crissant sous la dent because cette soloperie de sable qui s'infiltre partout pendant la tempête, malgré les trois couches successives de couvertures épaisses déployées en guise de sas devant la porte. Tous les cousins étaient la, plus des petites filles de deux ans adorables, la femme d'un cousin avait fait la cuisine, elle rechargeait mon assiette aussitôt vidée, en se penchant son boubou s'entrouvrait dévoilant des formes rondes, généreuses, incroyablement sexy dans la pénombre…J'avais une de ces trouille que le mari se rende compte du plaisir que je prenais au spectacle…
J'ai enfin rencontré le commandant Omar, le supérieur de mes élèves. Ben on peut dire que même au milieu d'une bande de généraux chiliens il ne pourrait pas paraître affable ! Doit pas faire bon l'emmerder celui-la !